du
Vénérable Grand Maître de la Ghilde au Premier Maître de la Loge
Macilienne
Ordre de Mission
Notre agent dans la Cité du Temple nous informe que le Dogme s’apprête à expédier un émissaire au Prince Marelo pour quémander sa protection. Selon nos calculs, les forces régulières et les finances de Marelo sont si basses qu’il ne sera pas en mesure d’accorder cette protection. C’est donc à vous qu’il revient de le convaincre qu’il n’a pas davantage les moyens politiques de rejeter la requête du Temple que ceux, pécuniaires, de décliner notre assistance.
Dans un premier temps, engagez-le à négocier l’envoi de sa meilleure armée en échange de l’élévation de son cadet à la dignité d’archiprêtre. Puis assurez-le de notre soutien financier. Dans cette optique, vous êtes autorisé à régler la solde des mercenaires dont Macil aura besoin pour se préserver des pillards que le froid et la famine attirent vers elle. À titre de dédommagement, vous requerrez un laissez-passer permanent pour les caravanes et les vaisseaux des membres de notre société.
Je sais que le Prince ne vous porte pas plus dans son cœur que vous ne déplorerez sa disparition quand celle-ci se produira. Toutefois, il vous est interdit de précipiter ou de laisser précipiter celle-ci. Elle viendra en son heure, quand le monde aura rattrapé son destin.
Concernant Heyel, continuez à entretenir son souvenir des quelques jours où il accompagna l’infante dans sa visite de la Province macilienne. Ne perdez cependant pas de vue que, même s’il fut impressionné par la beauté et la spiritualité de la jeune fille, l’héritier de Macil est bien trop pragmatique pour nourrir des espoirs à l’égard de la royale puînée. Comme vous le signalez, il sait que jamais le Royaume ne s’est défait d’une enfant de son sang pour un prince du Sud et qu’il n’existe aucun motif politique de concevoir aujourd’hui une telle alliance, au demeurant inutile (en outre, même si son fils l’en implorait, Marelo préférerait l’exiler plutôt qu’essuyer le mépris d’un royal refus à la demande d’une main dont il pense sa famille indigne).
Je sais que la tâche est délicate, mais soyez convaincant, dussiez-vous vous attirer sa colère... plus tard, il vous en saura gré.
De mon côté, puisque l’infante semble favorablement disposée, je m’efforce d’organiser une seconde et proche rencontre. J’attends pour ce faire que nos compagnons montillans aient poussé leur monarque à commettre l’irréparable agression qui brisera les projets d’alliance nuptiale entre la dynastie de Montille et celle de notre souverain. Comme nous le savons tous deux, la victoire des troupes maciliennes ne suffira pas à élever les ambitions d’Heyel, mais, après une nouvelle rencontre, je ne doute pas que l’infante parvienne à bousculer son père pour fomenter des épousailles de cœur.
Enfin, il me faut vous prévenir de deux désagréments. D’une part, en vue de la protection de la Cité du Temple, vous devrez momentanément prêter au Prince Marelo l’Assistant que je vous ai adjoint. D’autre part – relativement à votre rapport mentionnant l’arrivée sur la Colline d’un « gentilhomme » de fortune ayant contracté une dette de vie(s) auprès de nous –, et malgré l’importance de la créance, je vous demande d’en suspendre momentanément la rétribution. Je crois en effet que la personnalité de cet aventurier peut cristalliser certaines tensions, fort opportunes pour nos desseins.